Ultra trail

L'événement de Aubrac 2008 by Adidas® était le lancement de l'Ultra Trail Aventure. Et si le slogan des organisateurs « human adventure trail » doit s’appliquer à l’une des quatre épreuves lozériennes, c' est bien l'UTA.
Le long de ses 85 km, les 700 participants ont découvert un condensé de toutes les disciplines pédestres : cross-country, course hors stade, course en montagne, course nature… Bref, il ne manquait qu’un dernier tour de piste pour que la palette athlétique soit complète. Et compte tenu de la rusticité et de l'état des sols, hors asphalte et hors piste, les organisateurs ont donné à une nouvelle dimension à la course à pied : l'ultra-cross en fractionné.

Cette pratique en devenir a séduit de nombreux adeptes de l'human adventure trail. A commencer par les vainqueurs : Johan Serazin et Anne-Marie Vernet. À l'instar de Patrick Lothodé (2005) et David Pasquio (2007), Johan Serazin a fondu en larmes, à l'issue de son effort : « Cela fait 20 ans que je cours, explique le Breton. Et c'est ma plus belle victoire. Jusqu'à présent, je n'étais qu'un outsider et je gagne une course dans un endroit mythique pour les coureurs. » Une victoire qui va également lui donner une nouvelle dimension.

AUBRAC ULTRA TRAIL : La course à pied dans tous ses états…
Lorsque l’ultra version nature s’est trouvé une « trace » dans l’Hexagone en 1999 (Endurance Trail), personne ne savait que l’exemple Templiers allait être repris, ici et là, à une telle échelle. Dans le même esprit du siècle dernier, et de la « one one one » de 2004, l’Aubrac Ultra Trail
s’est imposé dans le cœur et le corps des Coureurs de l’Au-delà.
Johan Sérazin, « enduranceman » d’excellence, a trouvé sa place
– la première – dans une épreuve qui lui ressemble.
Celle qui met la course à pied dans tous ses états…

Au-delà du kilométrage (85 km) et du dénivelé (+3200 m), aucun point remarquable, ni montagne a accroché à l’Aubrac Ultra Trail, mais un esprit, une conception et un déroulement « made in Templiers ». Un véritable condensé de presque toutes les disciplines pédestres : cross-country, course hors stade, course en montagne, course nature… Et une philosophie qui trouve sa voie dans l’appellation contrôlée de l’organisation : « human adventure trail ». Des mots, mais aussi des paysages, car l’AUT est un authentique voyage axé sur la découverte d’une région aussi multiple qu’unique : l’Aubrac. Des landes bretonnes aux steppes mongoles, des forêts franciliennes aux alpages pyrénéens, des collines auvergnates aux pistes alpines, des routes limousines aux sentiers étatsuniens – style « The Barkley Marathons » ; l’essence même du trail extrême (1) – le parcours de l’Aubrac Ultra Trail est un tour de France ultraiste.

A chaque seconde, de ses quatre cents quatre vingt sept minutes, Johan Serazin (39 ans) fut comme chez lui sur les chemins lozériens et les sentes aveyronaises. Un profil et un rythme de course parfaitement adaptés à ses aptitudes pédestres. Marathonien en 2 h 32’30 (2002), Templiers en 7 h 07’ (11e en 2007) et Utmbiste en 24 h 03’11 (12e en 2006), le Breton s’est également appuyé sur son passé d’Ironman (3 x Hawaï – 9 h 30 en 1995) « pour rentrer dans l’histoire du trail français », souligne Patrick Lothodé, son président et camarade de club au CIMA d’Auray. Johan Sérazin a, effectivement, marqué de son empreinte les sentiers de l’Aubrac. « « Cela fait 20 ans que je cours, explique-t-il. Et c’est ma plus belle victoire. Jusqu’à présent, je n’étais qu’un outsider et je gagne une course dans un endroit mythique pour les coureurs. Car gagner à Nasbinals, la première édition d’une épreuve comme celle-ci, pour moi, c’est énorme ! »

« Le tracé est plus technique qu’aux Templiers… »

Sur un parcours aussi varié et technique que celui de l’Aubrac Ultra Trail, il fallait être complet et endurant pour revenir en vainqueur à Nasbinals, le « Nant » estival de la course nature. Si d’un regard protecteur, Patrick Lothodé enveloppait Johan Sérazin d’un « little big man », l’apiculteur – lui aussi – de Gahard faisait remarquer : « Le tracé est plus technique qu’aux Templiers. Il me fait penser à celui de l’Euskal Trail. C’est aussi un parcours où il faut des qualités pédestres. Je ne suis pas un spécialiste, mais j’aime courir en montagne. Parfois, on entend dire : c’est un tracé pour grimpeur, descendeur ou marathonien. Celui de l’Aubrac, il a été dessiné pour les coureurs à pied. » Une réflexion en direction de ceux et celles qui auraient oublié que « le trail n’est pas de la randonnée sportive, mais de la course à pied », martèle, une nouvelle fois, Patrick Lothodé.
Johan Sérazin avait quatre objectifs, cette saison : le Marathon des Sables (13e), le Trail de Guerlédan (9e), l’Aubrac Ultra Trail (1er) et… Les Templiers. « Ce ne sera pas la même épreuve, poursuit le Breton. Déjà parce que ce ne sera pas le même plateau. Tous les meilleurs Français seront présents. Par rapport à l’an passé, le temps de course est également inférieur d’une heure. C’est important pour moi. J’ai toujours fait du long. L’endurance, c’est vraiment mon truc. » Et d’annoncer. « D’ailleurs, la course qui me fait rêver, c’est la Trans Gaule. Pas seulement pour la compétition, mais parce que c’est une épreuve que tu peux partager, au jour le jour, avec ta famille… » L’ultra par étapes, un autre effort qui lui ressemble.

Onze ans. De son souvenir, Anne-Marie Vernet avait onze ans lorsqu’elle a entendu, pour la première fois, le mot : marathon. C’était en 1978. Dès lors, elle savait qu’elle en ferait un, un jour… Ce fut à Paris en 2006. Puis, il y a eu le 100 km, les 24 heures en 2007. Et enfin, l’ultra trail, cette année. Un cheminement naturel pour une femme qui a toujours aimé courir longtemps…

Anne-Marie Vernet, vous courez depuis trente ans, mais cette passion pour l’ultra est relativement récente ?
Non. C’est très ancien. Dès l’âge de 10 ans, j’ai voulu faire un marathon. J’ai toujours aimé courir longtemps et pour moi, c’était mythique… Même si j’ai attendu 2006 et Paris (3 h 24’, ndlr), j’ai toujours eu cette distance en moi. C’est donc tout naturellement que j’ai débuté dans l’ultra avec le 100 km de Millau en 2006 (9 h 36’, ndlr).

Et cette passion pour l’effort au long, est-ce vos parents qui vous l’ont transmise ?
Non. J’étais dans un club et il y avait des coureurs, des adultes, qui faisaient du marathon. Ils parlaient de New-York. Je n’étais qu’une enfant, j’aimais courir et le fait que le marathon soit une grande distance, cela me faisait rêver…

Vos débuts dans l’ultra remontent donc à 2006, à Millau ?
Oui. Et dans la façon de gérer ma course, j’ai compris que j’étais dans mon truc. L’année suivante, j’ai remporté la course en 8 h 52, en terminant 12e au scratch.

L’an passé, vous avez également fait un 24 heures…En effet. J’avais parcouru plus de 220 km (312 m, ndlr). Cette année, j’ai couru à Brive-la-Gaillarde et j’ai réalisé 222,311 km. J’ai donc été contacté pour faire partie de l’Équipe de France et le 18 octobre prochain, je serai à Séoul pour disputer les championnats du Monde.

Au niveau de la difficulté, l’ultra trail est donc une évolution logique pour vous ?
C’était mon premier et j’ai découvert beaucoup de choses, dont le fait de courir en semi-autonomie. J’avais déjà fait du trail, mais pendant aussi longtemps. Je voulais changer de pratique et la distance de 85 km me convenait. Malgré les difficultés, cela m’a bien plus et le parcours était vraiment très joli. Pour une première, je peux dire que c’était fou…

Chacun imagine que l’on ne gère pas cette « folie » comme un 100 km ou un 24 heures ?
C’est certain. Sur 24 heures, c’est une mécanique qui se met en place et comme je suis très régulière, je suis dans mon élément. La gestion en ultra trail, c’est surtout au feeling. Pourtant, comme on transporte toutes ses affaires, il faut être méthodique et j’avoue qu’à la fin, je ne savais plus si j’étais fatiguée, si j’avais faim ou soif. Mais la principale difficulté, c’est la différence de la pose du pied. Il faut être vigilant sur l’énergie que l’on consomme lorsque l’on court en tout terrain, car l’ultra trail est un effort plus violent que le 24 heures.
Afin de réguler cet effort, sans véritable allure chronométrique, vous écouter plus votre cœur ?
Le rythme cardiaque est important. Si le cœur frappe un peu ou qu’il s’emballe, il faut ralentir ou faire une petite pause pour éviter de tétaniser… J’ai donc couru comme je le sentais et je n’ai pas l’impression que je pouvais faire. L’ultra trail demande une puissance musculaire que je n’ai pas. Être régulière et puissante, ce n’est pas le même travail.


Propos recueillis par Bruno Poirier.

Anne-Marie Vernet est née le 15 décembre 1967 à Saumur (49). Aide-soignante de son état, elle vit à Blanzac, en Haute-Loire. Son époux, Eric (41 ans), est également coureur à pied (2 h 38 sur marathon). Anne-Marie a commencé à courir à 10 ans. Une passion de la course à pied qui a connu des périodes plus ou moins fastes durant le déroulement de son existence rythmée par plusieurs vies, où elle a beaucoup bougé… Si la course à pied était en elle, et sporadiquement un moment d’évasion, elle est redevenue son quotidien en 1986. Puis, il y a eu la naissance de Jonathan en 1990. Une nouvelle vie et une période où elle a alterné les mots marcher et courir. « Une manière de s’entraîner sans le savoir », dixit l’intéressée. Ce n’est qu’en 2003 où Anne-Marie s’est investie à nouveau dans la course à pied, le marathon avec Paris 2006 et l’ultra : 100 km et 24 heures en 2007.
Ses records. Marathon : 3 h 16’ 09 (Lyon 2007), 100 km : 8 h 52’ 56 (Millau 2007). 24 heures : 222,311 (Brive-la-Gaillarde 2008).

Dimanche dernier donc, 2ème acte de ma préparation UTMB dans l'Aubrac (85 km, 3200 m +/-). Je dois dire que j'ai abordé cette course en confiance après une bonne préparation et puis des fois, allez savoir pourquoi, certaine course on les sent bien (et puis des fois allez savoir pourquoi on a du mauvais flaire !). Mes ambitions étaient donc de faire un podium.
Départ à 4h du mat (heureusement compte tenu de la météo), d'emblée le ton est donné, ça court, ça court même vite pour un 85 km. On est une dizaine aux avant postes pendant les 10 1er km, mais Patrice Marmet décide de partir seul. 2 solutions alors : - soit tu laisses partir au risque de ne plus voir personne ; - soit tu maintiens un écart raisonnable pour revenir ensuite. Avec Patrick Lothodé et Yoann Serrazin, nous prenons la 2ème option, notre trio fonctionne bien et l'écart sur Patrick n'excède jamais 5 min. Au 45ème km Yoann un peu plus à l'aise prend progressivement le large et Patrick me dit "on ne le reverra pas", il avait raison. Au 2ème ravitaillement, km 54, alors que 10 km d'ascension et 1000 m de dénivellé nous attendent je donne des signes de faiblesse, Patrick à son tour me lâche.

Un long chemin de croix commence alors pour moi, je suis totalement à la rue (départ certainement un peu rapide) de plus le mental n'y est plus ( et pourtant tu le sais TOm : il faut positiver !). C'est donc en marchant que je rallie le 3ème et dernier ravitaillement km 67, avec je dois vous l'avouer l'idée d'abandonner qui m'a traversé plusieurs fois l'esprit. J'aborde les 17 derniers km sans grande conviction et à ma grande surprise ça revient plutôt bien et termine sur un bon rythme. Constat quand même amer à l'arrivée avec cette 12ème place, mais bon c'est le dur apprentissage de l'ultra ! Côté négatif : le classement, la mauvaise gestion de course (allure et mental). Côté positif : parcours magnifique et récupération très rapide (pas de douleurs musculaires). Bravo à Yoann pour sa course et à tous les finisheurs. Maintenant place au Beaufortain.

La vidéo
http://webtv.runinlive.com/videos1.php4?v=93