CHRISTOPHE LABORIE : « Je me suis retrouvé aux urgences. »

Adepte de l’ultrarunning, Christophe Laborie tenait à s’aligner aux 6 jours d’Antibes. Leader de l’épreuve à 6 heures du but, il devra cependant céder la victoire à L’Allemande Cornelia Bullig. Victime d’un malaise, il a du être conduit aux urgences. Néanmoins, il n’aura pas tout perdu, puisqu’il portera son record à 762 km.

Pourquoi les 6 jours ?
J’ai couru pas mal de 24 heures. Mon record se situe à 228 km. Aussi, à un moment j’ai voulu aller plus loin et tenter quelque chose, qui me permette de découvrir jusqu’où je pouvais repousser mes limites, tant physiques que psychologiques. Des amis coutumiers de cet effort, m’ont proposé d’essayer et je me suis lancé. Je n’ai pas été déçu et j’ai décidé de persévérer. Là, il s’agissait de mes 5ième 6 jours et j’avais pour objectif de passer la barre des 800 km.

Au plan psychologique, qu’avez-vous ressenti ?
Le plus dur reste le premier jour. A force de tourner sur un circuit de 1,2km, on finit par se poser beaucoup de questions et par se demander, ce qu’on fait là. Après, cette obsession s’éloigne. On parvient à s’immerger dans une forme de nouvel espace-temps et les km défilent. A ce sujet, je fonctionnais au feeling et je ne calculais rien. Je n’essayais pas d’atteindre un minimum quotidien. Quand je me sentais bien, j’en profitais pour accumuler un maximum de km et à l’inverse, durant les moments difficiles je m’accrochais, afin de limiter les dégâts.

Quid du physique ?
Plusieurs paramètres influent sur le physique. Notamment le sommeil et l’alimentation. Naturellement, je n’ai pas besoin de beaucoup d’heures de sommeil et sur l’ensemble des 6 jours, j’ai très peu dormi. Cela me permet de tourner longtemps sur le circuit, sans me sentir faible. Excepté le premier jour, où j’ai dormi deux heures, ensuite 30 à 45’ quotidiennes me suffisaient. En fait, je ne m’arrêtais que lorsque je ne pouvais plus lutter contre l’endormissement. Quant à l’alimentation, j’ai pu manger normalement et ainsi, je n’ai jamais manqué d’énergie. Au début, je mangeais et m’hydratais toutes les 20’ et vers la fin toutes les 10 à 15’. Si je me contentais du ravitaillement habituel, j’aimais bien également satisfaire à mes envies. Un jour, je me suis offert un croque-monsieur au snack à côté du circuit. Ca restera comme mon quart d’heure plaisir.

Pas de blessures ?
Aucun souci, mis à part des douleurs au niveau de la plante des pieds. Sur une portion du circuit, il y avait pas mal de gravillons. Même si ce secteur n’était pas long, au bout d’un moment, j’avais l’impression que ces gravillons transperçaient mes chaussures et ça me brûlait la plante des pieds. C’est très douloureux.

Au fond, de quoi avez-vous souffert le plus ?
De la chaleur. Ca a affecté mes performances. Le dernier jour, à 6 heures de la fin avec 762 km au compteur, j’étais toujours en tête et en mesure de réussir les 800 km. Je me suis assis vers le ravitaillement et après, je ne me souviens plus de rien. Je me suis retrouvé aux urgences, sans doute victime d’une hyperthermie. De la sorte, l’Allemande Cornelia Bullig qui était sous contrôle, a pu revenir et a gagné avec 773 km.

Malgré tout, prêt à repartir ?
Oui. Le 05 octobre, je serai aux 48 heures de Royan. En ce qui concerne les 6 jours, je vais attendre 2009 et je me rendrai sur une épreuve, où l’on ne risque pas de coup de chaud.