GEBRE : UNE LECON DE VIE

Haile Gebreselassie avait choisi de disputer le 10000 mètres des JO, parce qu’il refusait de disputer le marathon olympique dans le climat chaud de Pékin, accru par le risque de pollution. Une décision qui n’avait pas été sans créer de polémique en Ethiopie, où on pensait les chances de médaille de Gebre plus élevées sur le marathon que sur le 10000 mètres.

Mais Gebre n’a jamais été athlète à se laisser dicter sa conduite. Il demeure en embuscade, jusqu’à la cloche, et ce n’est que dans le dernier tour, qu’il va supporter l’affront d’être doublé successivement par le Kenyan Masaï, puis par l’Erythréen Tadese, pour finir 6ème seulement.

Surtout ne soufflez pas à Gebre, que ce résultat est bien terne pour son standing… Gebre, lui, est très content. Comme toujours ! Car Gebreselassie n’est pas un sportif comme tant d’autres, égocentrique, anxieux, négatif… C’est un être humain doté d’une vraie joie de vivre !

Et puis, c’est lui qui interroge : « Pourquoi ces photographes étaient-ils venus aussi nombreux ? Pour me voir ? » On lui explique que la conférence de presse de l’entraîneur de Lui Xang vient juste de s’achever, que Liu Xang ne courra pas, que son entraîneur a pleuré face à la presse. Il rit d’un air incrédule : « Il a pleuré ? Je ne comprends pas pourquoi les gens pleurent pour le sport. Ce n’est que du sport. Et c’est ça le sport… Tout le monde rêve d’une médaille olympique, et tout le monde ne l’aura pas. Je ne veux pas voir une douleur là-dedans. »

Haïle Gebreselassie sait ce qu’est la souffrance et la douleur. En Ethiopie, la famine fait encore rage, on vient d’apprendre que plusieurs dizaines de milliers d’enfants meurent faute de nourriture. C’est dans son pays, et ce sont les enfants de ses compatriotes…. Hailé, l’athlète, ne peut qu’être imprégné de ces drames de la vraie vie.