MONDIAL DE CROSS

La formidable ascension de Florence Kiplagat

Florence Kiplagat et Moses Mosop pourraient devenir le premier couple à rafler le titre mondial au Championnat du Monde d'Amann en Jordanie ce week-end.

Il y a des parfois des destins inattendus. Celui de Florence Kiplagat, la récente championne du Kenya de cross, qui visera le titre mondial à Amman (Jordanie), le 28 mars prochain, est de cette catégorie. Par un beau matin de 2005, Florence Kiplagat, alors jeune élève d'une High School d'Iten (Rift Valley) est envoyée par son père, William Kiplagat, au fameux passé de marathonien, disputer une course locale. En jeu : un billet pour partir étudier aux Etats-Unis. Florence ne gagne pas son ticket américain, mais elle, qui ne savait rien de ses capacités, découvre alors ses facultés pour la course de fond. C'est le début d'une belle histoire, et d’une formidable ascension.

En 2006, elle devient championne du Kenya junior du 5 000 m. Qualifiée pour les Mondiaux juniors, qui se tiennent à Pékin (Chine), elle y glane la médaille d'argent du
5000. En 2007, sur ses terres, elle termine cinquième des Mondiaux de cross de Mombasa en senior. Puis vint le temps de la rencontre avec Moses Mosop, le champion du Kenya de cross 2009. Le 21 février dernier, c'est donc un inédit doublé que ses époux ont signé aux Trials. Et pour la première fois dans l'histoire des Mondiaux de cross, un couple pourrait accéder aux titres suprêmes. Moses Mosop et Florence Kiplagat se sont, en effet, dit oui l'an passé. Peu après, Florence, qui était enceinte, donnait naissance à une petite Aisha.

Leur coach commun, l'Italien Renato Canova, qui travaille avec le manager Gianni Demadonna, raconte la suite : ''Florence a repris la course trois mois après la naissance de sa fille. Et Moses, que j'entrainais déjà, m'a demandé de la suivre. Voilà comment je suis aussi devenu son coach. J'étais vraiment impressionné par sa vitesse, après une telle interruption d'entrainement. De toute ma vie, je n'ai jamais vu une athlète africaine courir aussi vite après une grossesse.'' On peut donc pressentir le mieux pour Kiplagat à Amman. Elle qui court aujourd'hui pour l'un de ses deux frères, disparu le 19 février dernier, soit deux jours avant le championnat national de cross. ''Je suis arrivée à Nairobi pour les Trials le lendemain de sa mort, dit-elle. Cela m'a donné encore plus de courage pour me battre pour le titre. J'ai gagné et je crois qu'il sera heureux si je triomphe à Amman.''

Voilà en tout cas une ambition individuelle qui rejoint celles du responsable du team kenyan, Julius Kirwa. Ce dernier souhaite tout simplement la razzia, en raflant les quatre titres individuels en jeu. La dernière fois que la bannière Maasai l’a fait, c’était en 1994, à Budapest en Hongrie avec William Sigei (senior homme), Hellen Chepngeno (senior femme), Philip Mosima (junior homme) et Sally Barsosio (junior femme). Un exploit égalé l'an passé dans le bourbier d’Edimbourgh en Ecosse par l'Ethiopie avec Kenenisa Bekele, Tirunesh Dibaba, Ibrahim Jeilan et Genzebe Dibaba. Piqué au vif, le Kenya a mis tout en oeuvre pour redorer ses blasons, à l'image du long stage intensif qui va se conclure avant le départ pour la Jordanie, mardi 24 mars.