Kilian Jornet dans le Nouvel Observateur

Dans le nouvel Obs du 18 Août, un article du journaliste Gurvan Le Guellec est consacré à Kilian Jornet. Je le trouve particulièrement bien fait car il met en parallèle les pratique de ce sportif d'exception et celle de traileurs lambdas

"Mauvais exemple ou quête de pureté ? Le pirate du Mont Blanc, roi des courses en montagne, le jeune espagnol Kilian Jornet s'amuse à gravir le massif en tennis légères et coupe-vent".

Et tout au long de l'article, le journaliste présente ce traileur hors norme avec quelques bonnes remarques et analyses. Et voici la phrase qui tue et qui fait ruer les traileurs sur un certain nombre de forums :

"qu'il le veuille ou non, ses chevauchées au dessus des 4000 portent en elles une part de provocation. Provocation à l'égart du trail, cette discipline extrême mais de plus en plus banalisée, à laquelle il doit sa notoriété. Organisée une semaine avant l'Ultra Trail du Mont Blanc (...) sa course pirate (une montée off qu'il fait entre amis) peut difficilement échapper à la comparaison. D'un côté un défi ultra technique, sans trophée. De l'autre, le rêve de 6000 pères de famille, prêts à se miner la santé pour exhiber un teeshirt de finisher devant leurs enfants, leur village, leur boulot."

Voici quelques réactions sur cet articles...
http://www.raidlight.com/spip.php?page=article&id_article=65825&id_forum=107964%20

Je trouve au contraire que c'est un bel article juste et réel... même si ce n'est pas toujours plaisant de s'entendre dire et encore plus de lire des vérités... En tout cas, les bonnes questions sont posées...

J'ai lu cet article la semaine précédent l'utmb.
Des choses sont vrais : j'ai quand même entendu des coureurs dire pendant la course :"si on va au bout, on l'aura merité cette veste finishers !!!" : courir pour une veste (reconnaissance visible ?), cette conception m'échappe. Certains se sont minés la santé, c'est sûr, mais c'est leur choix avec leurs raisons que je ne suis pas apte à juger bonnes ou mauvaises. Perso je n'avais pas envie de finir à la petite cuillère (la course est un tout petit bout de ma vie).
Ce qui m'a gêné dans l'article est de faire une généralité de certains comportements. J'ai mis le clignotant car lutter contre les éléments aussi longtemps m'a usé, m'a procuré peu de plaisir (paysages absents presque tout le temps jusqu'à Courmayeur) et qu'aller au bout (en mode trail c'est à dire en courant le plus possible et si possible sans dormir) risquait de me mettre en danger (peur de la 2ème nuit vu que j'ai lutté contre le sommeil la première), et je n'en ai rien à cirer d'exhiber un t-shirt ou une veste. J'ai pu constater que certains coureurs ont réagi de la même manière et ont abandonné lucides, sans blessures, avec la seule certitude que cette année (et peut-être les autres) c'était trop dur pour eux et que c'était pas grave. Ces comportements semblent aller à l'inverse de ceux décrits dans l'article.
Après ce que fait Killian est fort, appréciable, beau, mais il ne sert à rien de l'idéaliser et de le faire passer pour l'apôtre des bonnes valeurs : il y a 2 ans, à l'arrivée de l'utmb, il s'est empressé de sortir le drapeau Salomon et il vit de la course et de ses exploits (qui ne sont pas gratuits et ses trophées sont ses primes). De plus, il a été dans les premiers a critiqué l'annulation de l'utmb l'an dernier en disant que l'on aseptisait le trail : il a du être rassuré cette année, mais l'an dernier (et cette année) beaucoup de gens aurait été en danger sans le matos obligatoire de 2011. Qu'il se rappelle donc que tout le monde n'a pas ses capacités quand il souhaite que des organisateurs soient prêts à endosser les pires responsabilités.

Qu'on ne se trompe pas, je trouve très fort la simplicité (apparente ?) du bonhomme et ce qu'il fait, mais tirer des généralités à partir des comportements de certains et idéaliser le comportement d'autres me semble fausser toute réflexion.

Pour revenir à sa course pirate, beaucoup d'entre nous font des sorties entre amis en montagne en partant au pied d'un sommet pour y monter en chaussures de trail, sur des chemins techniques (pas plus tard qu'il y a 15 jours), avec pour seul trophées les photos que l'on fait. Donc encore une fois l'article est construit de manière étrange à mon goût, même s'il décrit bien les "travers" de certains trailers.

Ah oui, quand je parle de photos comme trophées, je pense aux photos de paysages et autres animaux sauvages.

Comme quoi, on peut lire un même article et ne pas ressentir du tout les mêmes choses. Je n'ai pas du tout trouvé que cet article idéalisait ce que fait Kilian Jornet... Au contraire !
J'ai plutôt compris : "OK, lui il est capable mais ce qu'il fait est quand même dangereux (cf les guides de haute montagne) et ce n'est pas la peine de le prendre comme modèle.
OK, il est capable de s'enquiller 166 Km mais tout le monde n'a pas les mêmes capacités et c'est débile de se mettre dans le rouge, juste histoire de frimer auprès des autres".
Voilà en gros ce que j'ai retenu.

Quant à son mécontentement concernant l'annulation de l'UTMB en 2010, c'est l'exemple même du trail grande consommation (dont je fais aussi partie) : oui les caïds seraient passés, ils connaissent la montagne et c'est normal qu'ils trouvent qu'arrêter une course pour une petite tempête c'est ridicule. Ils sont tout l'hiver dans de plus fortes tempêtes. Mais oui le gros de la troupe aurait été en hypothermie, gelé jusqu'au bout des pieds car 95 % ne connait pas la montagne.
Alors c'est normal que l'organisateur arrête mais je comprends que les meilleurs trouvent aussi que le trail devient aseptisé car il s'ouvre à des personnes novices et non expérimentées...Business, quand tu nous tiens !!!