CHAMPIONNATS NATIONAUX DE 100 KM : Brigitte Bec et Pascal Gi

Toujours organisés le dernier week-end d’août, les 100 km Des Etangs de Sologne servaient cette année, de support aux championnats de France. Réputé rapide en comparaison des parcours de Millau, ou encore de Belvès, connus pour leur dénivelé impressionnant, ce circuit magnifique avec pour points de départ et d’arrivée la commune de Theillay, située dans le Loir-et-Cher à proximité de Vierzon et de Salbris, a rassemblé 360 coureurs.

Parmi eux, licence auprès de la FFA oblige, seuls 159 hommes et 34 femmes concourront dans le cadre du championnat de France. Les autres participeront à la course open.

Dès le départ qui avait été fixé à 6h15, la course partira sur des bases élevées. Les concurrents et plus particulièrement, ceux et celles en mesure de se mêler à la lutte pour la conquête du titre, tiendront à profiter de la fraîcheur du petit matin afin de cumuler bon nombre de kilomètres, avant l’apparition de la chaleur, qui rendra les conditions de course extrêmes.

D’entrée, Jean-Jacques Moros de l’US Métro, grandissime favori, car titulaire du meilleur chrono et fort d’un titre de champion de France, décroché en 2006 à Belvès en moins de 7 heures prendra la tête des opérations.

Seul Pascal Giry, sociétaire de l’EC Orléans osera l’accompagner. Cependant, l’avance de ce duo n’excédera jamais les 3’ sur le groupe des poursuivants, comprenant le Chti Frédéric Chopin, Jacques Hinet d’Endurance 72, Jean-Marc Bordus de l’ASPTT Orléans, Alain Renouard de l’USO Mondeville et le marathonien Vincent Rousseau, néophyte sur la distance, mais bien décidé à jouer les trouble-fêtes et a bouleversé la hiérarchie du cent km.

Plus loin et très décontractée, l’Auxerroise Brigitte Bec, détentrice d’un record de 8h13’ progresse également à rythme effréné.

Si les deux leaders passeront en 3h20’ au 50ième km, soit sur des bases de 6h40’, « Bibi », championne du monde des 24 heures croisera la mi-course en 3h45’ et un avantage de 13’ minutes sur la Vendéenne Céline Cormérais, débutante sur la distance, mais marathonienne accomplie, auteure d’une performance de 2h37’ et qui à n’en pas douter a dû écouter les conseils de prudence de son père, coureur de cent km.

Lucide, Jean-Jacques Moros sait qu’il ne faut pas se référer à cette marque et se lancer à partir de là, dans des extrapolations relatives au chrono final. « Nous sommes largement sur des bases de moins de 7 heures, mais ça ne veut rien dire. Je voulais mettre à profit les bonnes conditions de course, dont nous jouissons actuellement, parce que je ne veux pas lutter contre la chaleur avant le 70ième, où la course va réellement commencer et où chacun connaîtra son heure de vérité lorsqu’il faudra vraiment taper dans le dur. Là, la moyenne ne manquera pas de chuter » : Relativise ce coureur expérimenté. Brigitte Bec raisonnera de la même façon.

En effet, à l’entame du derniers tiers de l’effort le visage de Brigitte Bec apparaîtra marqué par les stigmates de la souffrance. Cependant, déterminée elle refusera de plier : « Ca va le faire. J’ai confiance dans ma préparation. Avec le fond d’endurance que je possède, je ne vais pas m’écrouler. Ca vaut le coup de s’accrocher. Après tout, ces 30 dernières bornes ça n’est rien de plus qu’une sortie longue et j’ai trop envie de tenter de passer sous les 8 heures. En plus, j’ai pas mal de concurrents en point de mire et le fait de savoir que je reviens sur eux et que je risque d’intégrer le top 10 au scratch me booste. Allez, c’est parti. »

Quant à Jean-Jacques Moros, la fin de la course équivaudra pour lui à un chemin de croix. Rétrogradé à la 6ième place, il vit un calvaire et évolue au ralenti, plié en deux en proie à des troubles gastriques. Pascal Giry pointe alors seul en tête et dispose d’avantage de 11’ sur Frédéric Chopin. L’Orléanais refuse de se laisser emporter par l’euphorie : « Vers le 70ième km, j’étais 200 mètres derrière Jean-Jacques. Sachant qu’il est plus rapide que moi, je pensais qu’il allait définitivement prendre le large et j’ai été surpris de revenir. Attention, ce n’est pas gagner. C’est dur. Je sens que je m’étiole et ça peut revenir de l’arrière. Maintenant, je vais tout donner en finissant avec mes moyens et on verra bien, ce que cela va donner. De toute façon, il faut oser. »

A force de volonté, il parviendra à aller au bout, à résister au retour de Frédéric Chopin et à l’emporter en 7h04’54’’, contre 7h08’38’’ au Nordiste.

« C’est incroyable. J’ai gagné, mais je ne réalise pas que je suis champion de France. En plus, j’ai explosé mon record. Je passe de 7h31’ à 7h04’54’’. Ce qui m’a sauvé, c’est que je suis un compétiteur dans l’âme. On a tous souffert de cette chaleur extrême. Dans les 20 derniers km, il faisait plus de 30°. » : Déclare le nouveau champion de France.

Revenu du diable Vauvert, Jean-Jacques Moros se hissera sur la 3ième marche du podium en 7h12’42’’ et se satisfera de cet accessit : « Je ne comprends pas. Depuis un moment, je souffre de maux d’estomac récurrents. A partir d’un moment, plus rien ne passe. Ni liquide, ni solide. Je me vide et j’avance sans énergie. Peut-être est-ce psychosomatique ? En tout cas, je suis content. En m’arrachant, j’ai pu reprendre la 3ième place. C’est positif. Je romps enfin avec la spirale de l’abandon. Ce résultat va me redonner confiance, surtout dans ces conditions. »

Finalement Brigitte Bec coupera le finish en 7h51’32 et pulvérisera aussi son record, avant de prononcer cette sentence : « Voilà, Quand on veut, on peut. » et de conclure : « Ce titre, c’est la cerise. Maintenant, il ne me reste plus qu’à la poser sur le gâteau, que représente les mondiaux des 24 heures. Jamais je n’aurais pensé passer sous les 8 heures. Cela veut dire, que le fait d’avoir travaillé la vitesse a payé et cela devrait se retrouver sur 24 heures, où mon objectif sera de passer la barre des 240 km. ».
Près de 10’ plus tard, Céline Cormerais pointera en 8h01’33’’. Une performance qui la ravit, elle dont l’objectif se limitait à 8h20’, à l’occasion de cette première incursion dans l’ultra.

Enfin, en dépit de cette chaleur cuisante 255 participants rallieront le finish dans le délai imparti de 15H30.